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FORÊT : des effets sensibles de la sécheresse

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L’année 2020 a été la troisième année consécutive de températures estivales caniculaires et de déficits hydriques importants dans le département.

Un contexte climatique qui n’est pas sans conséquences pour les forêts du secteur « Valorisation Bois et Territoires » (V.B.T) du Lunévillois-Ouest (Meurthe-et-Moselle). Ce territoire compte une centaine de communes, sur lesquelles poussent 27 000 ha de forêts, dont 12.000 ha de forêts privées. Celles-ci sont majoritairement composées de feuillus divers et d’un peu de résineux, surtout des épicéas communs. Affaiblis par ces conditions météorologiques hors-normes, les arbres sont devenus des proies faciles pour les différents agents pathogènes.

Dans ce contexte défavorable à la vitalité de la forêt ont été observées plusieurs tendances sanitaires au cours des neuf premiers mois de cette année : 

  • Poursuite de la crise épidémique du scolyte de l’épicéa commun. Le scolyte est un insecte, qui creuse ses galeries entre le bois et l’écorce principalement des épicéas communs pour s’y reproduire. Mais, lorsque la quantité des galeries créées par ce coléoptère est importante, elle provoque la rupture quasi-totale des vaisseaux conducteurs de sève et de fait la mort des sujets atteints. 
  • Reprise du dépérissement du hêtre. Ce dépérissement se caractérise principalement par un décollement ou une altération de l’écorce, une mortalité de branches et des suintements sur les troncs. 
  • Attaques de la chenille processionnaire du chêne. Pendant leur période d’activité, qui s’est étendue d’avril à juillet, elles ont mangé les feuilles des chênes à des degrés d’importance variable, pouvant aller pour certains peuplements jusqu’à leur défoliation totale. Rares sont les secteurs, qui ont été complètement épargnés par leurs attaques. 
  • Des jaunissements et rougissements prématurés chez certains feuillus. 

 

Chênes défoliés à 80% par les chenilles processionnaires   

Des remèdes curatifs…

La solution la plus efficace pour éviter la propagation du scolyte sur des épicéas sains, est d’exploiter les sujets atteints et d’évacuer les produits (bois d’œuvre et d’industrie) issus des coupes sanitaires. A cet égard, les épicéas secs sur pied, dont l’écorce est complètement tombée, ne constituent plus un vecteur de transmission de cette maladie, dans la mesure où les scolytes ne sont plus à l’intérieur de ces arbres. En revanche, pour être efficaces, les coupes sanitaires doivent se focaliser sur les sujets récemment atteints, car ce sont ces derniers, qui sont porteurs de ces insectes. 

Des traitements sont envisageables pour lutter contre les attaques des chenilles processionnaires. Il est recommandé pour cela de faire appel à des spécialistes, car le traitement - mécanique, chimique ou biologique - diffère en fonction du stade larvaire de ces chenilles. Une pratique d’appoint, qui concourt à la réduction du nombre de ces chenilles, est néanmoins à la portée des propriétaires. Elle consiste à attirer des oiseaux prédateurs de ces chenilles, telles que les mésanges, en installant des nichoirs dans les parcelles touchées par cette maladie.

La capacité de résilience des hêtres dépérissants étant encore mal connue, il est recommandé, d’un point de vue purement sanitaire, d’exploiter uniquement les hêtres présentant de fortes dégradations. 

…Et de la prévention

A l’instar des êtres vivants, les arbres luttent moins efficacement contre les maladies lorsqu’ils sont affaiblis, notamment par le manque d’eau contenue dans le sol. Des actions préventives peuvent néanmoins être mises en œuvre pour diminuer les effets de la sécheresse. Elles consistent principalement à :

 

  • Effectuer des éclaircies précoces et à assez forte intensité, car en appliquant ce type de sylviculture, le nombre des arbres encore sur pied sera moindre pour une même quantité d’eau présente dans le sol et chacun d’eux disposera alors d’un volume d’eau plus important.
  • Demander aux conducteurs d’engins lourds forestiers de ne rouler avec leurs machines que sur des voies de circulation spécifiques prévues à cet effet. Cette prescription permet en effet de limiter la surface de terrain damée et prévient le risque de réduire à minima la quantité d’air et d’eau potentiellement stockable dans le sol. Cette recommandation est importante à faire respecter en période pluvieuse pour les sols comportant une forte proportion d’argile et/ou de limon, qui sont particulièrement sensibles au tassement.
  • Favoriser le mélange des essences.
  • Choisir, dans le cadre d’un reboisement, des essences adaptées aux conditions stationnelles locales, tout en tenant compte du réchauffement climatique

Un impact économique...

A l’échelle de l’Est de la France, le volume très important d’épicéas communs, de sapins et de hêtres dépérissants, qui a dû être exploité pour des raisons sanitaires, a saturé certains marchés. Cela a provoqué de fait la baisse de leur valeur marchande. Dans certains cas, la possibilité de vendre les produits issus de ces coupes est même devenue aléatoire. 

… et écologique

Parmi les répercussions de la sécheresse, il faut compter une croissance des arbres plus faible qu’à la normale.

Une autre conséquence, moins connue, est une absorption moindre du gaz carbonique de l’air. En effet, lorsque la ressource en eau manque dans le sol, les arbres réduisent le diamètre de leurs stomates, sortes de pores situées à la surface de leurs feuilles. Or, ce sont ces stomates qui assurent l’absorption du CO2 et le rejet par les arbres d’oxygène et d’eau sous forme de vapeur. Leur obturation réduit donc les échanges. Les arbres ne jouent plus aussi bien leur rôle de « puits » de carbone.

Un conseil gratuit pour les particuliers

Le saviez-vous ? Si vous êtes propriétaire forestier privé de parcelles boisées de petites surfaces dans l’Ouest-Lunévillois Ouest, vous pouvez bénéficier, gratuitement et sans engagement, de conseils sylvicoles, fonciers, juridiques et fiscaux en vous adressant à un conseiller expert de la Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle


Secteur du Lunévillois-Ouest : 
Jean-Marie SYLVESTRE – Conseiller forestier 
06 87 97 19 20 - jean-marie.sylvestre@meurthe-et-moselle.chambagri.fr

 

 

Actions d’animation et d’accompagnement pour une mobilisation durable et groupée de la ressource bois, projet soutenu par l’Union européenne avec le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural.